Un hommage de David Wilson à un grand homme qui a tant donné de sa vie pour la Magie...
José Garcimore nous a quitté en 2000.
Cette voix sortant de mon poste de radio résonne encore dans ma tête. Je n'y croyais pas, aucun magicien n'y croyait et plus particulièrement tous ceux du Sud-Ouest de la France. Nous avons tous été très touchés par cet événement tragique, car ici, dans le Sud, José Garcimore était aimé pour son talent certes, mais aussi de par ses origines espagnoles si proches de notre culture.
J'ai eu la chance de le croiser lors de la soirée Halloween donnée à Muret, près de Toulouse, le 31 octobre 1997. J'en garderai toujours un souvenir merveilleux et j'ai tenu, pour lui rendre hommage, au nom des magiciens toulousains, à vous faire profiter de cette soirée magique. Voici donc quelques lignes, suivi d'un interview réalisé le jour de son spectacle, pour se souvenir de ce Grand personnage que nous regrettons tant. Il y avait un monde fou ce soir là dans la salle des Fêtes de Muret.
Plus de 500 personnes étaient venues assister au spectacle du plus célèbre magicien français : José Garcimore. Celui qui par son naturel très " décontrachté " provoquait les fou-rires interminables de Denise Fabre, a réussi à enchanter un public passionné durant 1 heure 30 s'il vous plait. Certes, les inconditionnels de magie ne pourront pas dire que ce soir là, les numéros furent brillants.
Mais qu'importe, Garcimore était avant tout un personnage attachant car fondamentalement maladroit. Le principe de sa magie était de tenir son public en haleine par un effet banal qui prenait une dimension nouvelle grâce à une parure de blabla à l'espagnole bien maîtrisée. C'est pour ça que ce soir là, comme à l'habitude, Garcimore fit un triomphe.
Dans son costume pat'dèf collant parfaitement au personnage, Garcimore fut fidèle à son image télévisuelle. Calme, voire stoïque, il alignera des tours de magie classiques (apparition de fleurs, livre coloriage, bougies....) tout en racontant des anecdotes fantastiques et qui pourtant, racontées par quelqu'un d 'autre nous auraient grandement ennuyé.
Mais c'était Garcimore et seul lui pouvait tenir 1 heure 30 sur scène avec finalement peu de technique remplacée par des " Il m'ennerv' " ou des " Les pitit'souris " qui faisaient la différence. Car Garcimore avait compris qu'un magicien doit être avant tout un bon comédien. Le tour n'est qu'un support, la mise en scène représente l'essentiel.
Une soirée inoubliable par ce spectacle si particulier et surtout par ce personnage si gentil et attachant. J'ai rencontré José Garcimore ce soir là car je présentai un numero en première partie. La rencontre a été merveilleuse, Garcimore dégageant une sympathie et un esprit de convivialité digne du plus grand respect. Ce soir là, les effets magiques alternèrent avec des morceaux de musique classique joués sur des instruments à vent : Trompette, trombone...
N'oublions pas que Garcimore fut d'abord musicien et premier prix du conservatoire de Madrid. J'ai pu, lors de la soirée d'après spectacle, qui se terminera à 6 heure du matin, après des dizaines de morceaux de trompette et des fou-rires interminables, recueillir quelques propos de José. Ce sera la dernière fois que je le croiserai, l'histoire décidant de le faire disparaître beaucoup trop tôt. Je vous livre cet interview qui me laisse un souvenir merveilleux d'un homme qui fut un grand Poète de la Magie.
Interview de José Garcimore à Muret par David Wilson (31 octobre 1997) :
D.W : José bonjour et merci de répondre à quelques questions pour l'Amicale Robert Houdin de Toulouse. Nous ne t'avions pas vu depuis longtemps, où étais-tu passé ?
J.G : Je suis parti faire des spectacles à l'étranger et plus particulièrement en Belgique où la demande était très importante. J'ai aussi participé à des téléfilms pour diverses chaînes de télé dont certains passeront en France et dans lesquels je joue tout autre chose qu'un magicien.
D.W : Ta première passion c'est la musique, domaine que tu maîtrises fort bien. Parles-nous de ta seconde, la magie.
J.G : Je suis venu à la magie parce qu'à une époque, il m'a fallu trouver une activité qui me permettait de travailler plus régulièrement. Je dois dire que la magie m'a bien aidé et permis de devenir ce que je suis aujourd'hui par le biais de la télévision. La magie est devenue une véritable passion au point que ma maison ressemble plus à un musée qu'à une maison. J'ai en effet 18 pièces et je ne vis que dans 3 d'entre elles. Les autres sont utilisées uniquement pour la magie.
D.W : C'est aujourd'hui ton retour sur la scène de Muret. Te souviens-tu de ton premier passage ?
J.G : Je m'en souviens fort bien. L'accueil y fut extraordinaire, tout comme aujourd'hui d'ailleurs. Mais je m'en souviens surtout parce qu'il m'est arrivé un petit problème sur scène. J'ai en effet, par inadvertance mis le feu au rideau (rires communs). Le pire c'est que le public croyait à un gag et se marrait pendant que les agents de sécurité balançaient des seaux d'eau. Je ne savais plus où me mettre et pourtant grâce à cet incident, j'ai fait un tabac ce soir là.
D.W : Justement José, n'est-ce pas ton personnage quelque peu ringard et finalement peu performant qui plait tant au public ?
J.G : Tu as parfaitement raison. Ma magie n'est pas très bonne mais le personnage de Garcimore est devenu, va savoir pourquoi, une sorte de mascotte de la magie. C'est ce décalage que le public veut retrouver sur scène. Si j'étais hyper doué, je ne serais plus le même. De plus, j'ai toujours travaillé seul en magie et j'ai donc peu évolué. Sans mon personnage, je n'aurais pas fait ce chemin.
D.W : A propos de magie, que penses-tu de la magie en France ?
J.G : C'est à mon avis, une des meilleures au monde car très esthétique. Nous avons de grands artistes qui n'ont rien à envier aux Américains pourtant très doués. Le seul regret, c'est qu'en France, la magie a du mal à se vendre et la télé boude un peu les visuels même si la tendance s'inverse un peu en ce moment.
D.W : Je m'occupe d'un journal (ndlr : désormais site Internet) au sein de notre Amicale et ton interview y figurera. Que penses-tu de ce genre d'initiative ?
J.G : La magie et tout ce qui s'y rapproche doit rester un amusement. Même si l'on en vit, il faut continuer à se faire plaisir. C'est ce que doit promouvoir la magie : le plaisir, la joie d'être ensemble et de partager un art. Moi, je dis toujours que je fais de la magie pour chasser la morosité. Faire un journal dans une amicale, c'est comme faire un tour que tu aimes. Tu partages ton plaisir et dans la mesure où le journal reste un lieu de libre échanges entre passionnés, je trouve ça très bien.
D.W : José, merci de nous avoir accordé quelques minutes. Le mot de la conclusion juste avant de nous quitter ?
J.G : Passe le bonjour à tous tes amis magiciens. Je vous souhaite plein de rebondissements magiques dans votre Amicale toulousaine et surtout n'oubliez pas que le plaisir et le respect doivent être à la base de tout.
Salut l'Artiste !
David WILSON