CAROLUS (Louis CARSALADE. Fousseret F 25.2.1891 - F 1.6.1987). Il débute dans le spectacle comme comique troupier, puis présente un numéro de magie. En 1930, il crée un numéro original d'ombres chinoises, avec lequel il fait de nombreuses tournées. Puis, avec son épouse Magdola, il conçoit et présente un intrigant numéro de transmission de pensée sous le nom de "Carolus & Magdola". Au congrès FISM de 1952, le jury leur décerne le 1er prix de mentalisme. Il a écrit plusieurs livre sans rapport avec la magie.
Source : "Dictionnaire de la prestidigitation" Jean de Merry et André Ciocca aux Editions Georges Proust -
Paris
C’est un jour de juin dernier que la lumière s'est éteinte et que les ombres se sont effacées. Louis Carsalade, dit Carolus, venait de nous quitter. Il était né à la fin du siècle dernier, au Fousseret, près de Toulouse, entre la vallée de la Garonne et les côteaux gascons, d'une maman qui tenait boutique de « repassages et modes » et d'un papa maréchal ferrant. Comment ce bambin, que rien ne destinait à une carrière artistique allait-il devenir le Carolus officier du mérite artistique et social, membre de l'académie du Languedoc... ? Pour le savoir, il suffit de lire « Il était un joyeux clocher », ses souvenirs d'enfances, où il raconte : « ... J'avais une douzaine d'années, quand le chef de musique de l'harmonie du Fousseret vint donner des leçons aux jeunes qui voulaient apprendre la musique. Au bout d'un mois il n'y avait plus que deux élèves, dont un payant : moi. Et pour 2 francs par mois, il venait deux fois par semaine pour nous donner des leçons. Et je dois dire que c'est grâce à ce brave homme que ma carrière artistique a commencé, puisque ça m'a permis d'apprendre la musique et de devenir compositeur. Voilà mes débuts artistiques au Fousseret où je jouais du cornet à piston... ». De la fanfare locale, le jeune Louis Carsalade se lance vers l'aventure. Dans la journée il travaille dans une entreprise de sellerie, à Pau, et le soir il chante ses propres chansons comme comique troupier, grande mode de l'époque.
Il part ensuite à Bordeaux où il entre dans une importante société, « La Girondine ». Il y apprend le métier et y connaît ses premiers succès. Il figure certains soirs dans le même programme que Maurice Chevalier, lui aussi débutant avec un cachet de 11 francs, alors que celui de Carolus est de 5 francs.
En 1910, il monte à Paris, en... bicyclette, où il fut engagé au Petit Casino du boulevard Montmartre et au Cursal, place Clichy, et commence à imposer son nom sous la définition « Le gai troupier Tou-lousain ». Dès lors, les éditeurs lui confient des chansons : « Derrière la caserne », « Vas-y Léon », « La polka des épaulettes » et il commence à chanter des chansons de sa composition, « Devant la guérite », « Dans la cavalerie »... Il en composa une bonne centaine dont une quinzaine devinrent des succès. Il eut des interprètes aussi illustres que Fernandel. Puis ce fut la guerre ; il fut blessé, décoré.
Il reprit ensuite le métier en organisant des tournées et en montant son numéro d'ombromane qui le rendra célèbre. C'est au cours de l'une de ces tournées, qu'il rencontrera Madeleine, fille du maire de Réquista. En devenant Madame Carsalade, elle épousera également la carrière artistique et deviendra l'extraordinaire Magdola, « Le Sphinx Moderne ». Avec leur numéro de téléphatie, que fut primé au congrès international de Genève, Carolus et Magdola ont tenu les têtes d'affiches, reçus les éloges de personnages tels que : Orson Welles, Anna Magnani, Saint-Granier, Jean Cocteau... et cela pendant plus de trente années avant de se retirer de la scène et de partager leur temps entre Toulouse et Le Fousseret. C'est là que nous avons accompagné Carolus pour son dernier voyage, et dans la petite église la chorale du Fousseret chantait des chansons de « l'enfant du pays ». Mais vous, qui l'avez très bien connu, ou un peu, ou pas du tout, couchez-vous sur une plage ou dans un pré en regardant le ciel. Cherchez alors à voir des formes dans les nuages. Lorsque vous aurez trouvé, alors regardez bien et vous verrez Carolus, « l'homme qui dessine avec la lumière », en train de jouer avec les rayons du soleil.
Claude Jan.
Revue de la presti n°398 - 1987